39. Cavalerie (Sebastien)
Finis, me répétai-je à moi même en fermant lentement les yeux. Tout est finis. Dire que j'ai eu la présomption de croire que mon plan fonctionnerait. Que je pouvais le battre.
Adieu les gars. Ce fut si court, et tellement long à la fois.
Désolé. Désolé de n'avoir pu vous protéger. Mon incompétence me coûtera la vie... et la votre.
"Eh bien. Il semblerait que la légende dit vraie. Quand on lui coupe une tête, l'hydre en fait pousser plusieurs autre pour la remplacer. C'est fatiguant et embêtant. Voir même énervant. Très énervant."
J'ouvris les yeux pour savoir de quoi il parlait, étonné. Et lorsque je les vis, mon une bouffée aussi dangereuse qu'agréable envahi mon coeur : l'espoir.
Angel, Manu et Nico. Ils étaient là, tous les trois, faisant face à Mammon et demeurant impassible.
"Désolé pour le léger temps d'attente, me dit Angel. Après avoir compris ton message, il a fallu que je cherche les deux autres.
- S-stupide ho-homme chose, répondis-je avec difficulté. Fallait surtout pas t-te presser. J'avais t-tout mon temps.
Il haussa les épaules et leva les yeux au ciel.
- Toujours aussi con, même au seuil de la mort.
Puis, fixant avec son regard le plus noir Mammon, il dit :
- Tu nous présentes?
- Enchanté, je me nommes Mammon. Pourrais-je enfin achever l'un de vos compagnons sans qu'un autre ne vienne s'en mêler, ou suis-je obligé de vous mettre dans le même état?
- Bah, dit Manu en haussant les épaules avec un air innocent. Je préfère la troisième option.
- La troisième? Et quelle est-elle?
- Te dégommer la gueule. Te fumer. Te plumer. Te trucider. te défoncer le fion, t'endormir à coup de latte, t'éventrer en douceur, un café, l'addition, et on repart peinard, dit Nicolas.
Et sitôt qu'il eut finis sa phrase, il fonça vers celui qu'il venait de menacer, Manu a ses côtés. Angel lui, disparu dans le sol.
Ô bordel de merde! Eux non plus n'avaient pas l'air de savoir à qui ils avaient à faire, de la nature de son pouvoir, et du moyen de le vaincre!
Les prévenir! Il faut que je les prévienne! Mais l'état dans lequel j'étais laissait à désirer. Je voyais trouble, et tout mon corps, y compris ma langue, semblait parcouru de fourmis, conséquence d'une trop grande douleur.
Impossible donc de bouger, impossible de parler, et difficile de voir. La seule chose qui fonctionnait était mes oreilles. Et encore! Un sifflement aigu ne semblait pas vouloir s'arrêter. Mais mon audition restait relativement correct.
Je dus donc me résigner à seulement écouter, impuissant, le combat perdu d'avance que livrait notre cavalerie inattendue.
Et déjà, cela tournait en notre défaveur. J'entendis un bruit sourd, suivi de Manu poussant un cris bref, et un nouveau bruit sourd caractérisant un corps tombant lourdement sur le sol. Puis un sinistre craquement accompagna un hurlement inhumain. Je me surpris à prier que ce cri provienne de Mammon, mais lorsque Nicola prononça, complètement paniqué, "Angel!", je compris que quelque chose d'effroyable venait d'arriver.
Mais pourquoi donc la situation tournait-elle à ce point en notre défaveur?