16. Un déferlement de haine (Gaëtan)
Angel venait de mourir.
Je venais de le tuer.
A côté de nous, le Corbeau tomba. Son corps rebondit une première fois et disparu avant de retoucher le sol de pierre.
Avec précaution, je couchai le cadavre de mon ancien ami sur le dos. Dans la mort, son visage semblait apaisé, comme libéré d'un lourd, très lourd fardeau. Deux gouttes s'écrasèrent alors dans un coin de sa bouche où se dessinait un léger sourire. J'essuyais mes yeux. Qu'avais-je donc fait?
A ma droite, dans le lointain, j'entendis Manu crier le nom d'Angel. Mais à ma gauche, un autre son lointain s'emplifia pour devenir une cacophonie insupportable à mes oreilles.
Asmodée riait.
Un déferlement de haine secoua mon corps. Dans un hurlement bestial, je me jetait sur elle tendis que Manu, Nicolas, Kevin et Sebastien arrivaient auprès de ce qui était désormais une envelloppe vide.
Surprise par la soudaineté de mon attaque, Asmodée/Méduse leva juste à temps le bras gauche pour parer mon coup de poings. Une erreur qu'elle allait vite payé.
L'énergie qui me provient de la peur des autres, stockée dans mon corps, me donne non seulement des pouvoirs télékinésique, mais condensée et libérée à l'intérieur même de mes membres, elle augmente significativement ma rapidité et ma force.
J'avais tenté de ne pas y aller trop fort au début, voulant la torturer pendant des heures, mais je m'étais fait avoir. Et j'en payais maintenant le double prix. Dans ce coup, j'y avais libéré la totalité de l'énergie dont je disposai. Et l'effet fut saisissant.
Dans un incroyable ralenti, mon cerveau me fit vivre la scène dans ses moindres détails. Mon poings heurta son avant bras qui se brisa aussitôt à son contact, puis se déchira dans son sillage et fini par se détacher du reste de son corps. Dans les yeux d'Asmodée, un éclair de compréhension sur la fin de tout ceci vit le jour, suivi par une véritable explosion de peur de sa part qui ennivra mes sens. Sans que rien n'ai freiné sa course, mon poings continua sa mortelle trajectoire vers son coeur. Il entra dans sa poitrine comme dans du beurre, explosa l'organe au passage et ressorti dans le dos, brisant l'omoplate.
Cette putain venait de crever.
Le bras coincé dans ce cadavre mutant, je tombais au sol avec elle et ne parvint plus à me relever, épuisé d'avoir utilisé toute mon énergie.
Le Loup s'approcha de moi et renifla doucement la partie de mon visage endommagé. Il ne me faisait pas mal, pas encore. Sur le coup la haine avait éclipsé toutes douleurs.
Soudain, sans crier gare, le Loup disparu de mon champs de vision dans un jappement. Une main me saisi par le col et me releva le haut du corps. Kevin approcha son visage du mien et me hurla:
"Tu l'as tué!"