50.La Traque (Kevin)
Je courrais à travers les rues sombres et enneigées. Plus animal qu’homme désormais, je me servais aussi bien de mes membres inférieurs que supérieurs, libérant toute mon énergie dans la traque que je menais.
Je bondissais à droite, à gauche, atteignant une vitesse phénoménale. J’étais devenu le chasseur. Gaëtan était ma proie. Je ne focalisais mon esprit sur rien d’autre.
« Il t’a prit par surprise la première fois. Reste calme, aiguise tes sens, et tu devrais y arriver, fit une voix terriblement sexy dans ma tête.
- Je sais.
- Ne pense plus, laisse toi guider par ton instinct, arrête le. Pour son bien. Pour celui des autres.
- Je sais.
Ecoutant la panthère, je me laissais aller lors d’un virage à gauche en angle droit. Sans même y réfléchir, je bondi vers la façade en face de moi, pour m’en servir de point d’appui et continuer ainsi sans perdre de ma vitesse.
Au bout de cinq kilomètres de course sans être essouflé, je m’arrêtai et tendis l’oreille. Des crissement de pneu, suivis d’un fracas caractéristique d’un choc, m’indiquèrent que Gaëtan n’était plus très loin. Et qu’Angel avait réussit.
Sans perdre plus de temps, je repris ma course.
Au détour d’un croisement, je vis Gaëtan, à une centaine de mètre, titubant hors de son véhicule. Il venait de faire un tête à queue visiblement, et les pneus avant et arrière gauche avaient éclatés lorsque la voiture avait percuté le bord du trottoir.
Par miracle, le bruit ne semblait avoir attiré personne. Toutes les rares lumières que l’on pouvait voir aux fenêtres étaient filtrées par des volets fermés. Il n’y avait donc que lui et moi en cet instant.
Parfait !
Je bondis en avant en poussant un grognement bestial.
Il se retourna presque aussitôt et me vit. Le combat commença alors.
Sans même le voir, je sentis qu’il lançait contre moi son attaque télékynétique, ou quoi que cela fut.
D’instinct, je fis un bond à gauche pour l’éviter. Il sembla surpris, mais réitéra.
Cette fois, je compris que l’attaque venait par le haut et par la gauche. Au dernier moment, je fis un saut en avant suivi d’une roulade, évitant ainsi une deuxième fois son assaut invisible.
Si lui avait développé ses facultés, moi j’avais appris à écouter mon sixième sens animal…
Les vingt derniers mètres nous séparant, je brandis mon poing droit.
« Ne frappe pas trop fort, tu le tuerais.
- Je sais.
Il me lança un regard sidéré. Son visage était humide de larmes. Juste avant l’impact, il eu le réflexe de mettre son bras gauche en garde. Mon poing le toucha au niveau de l’épaule. Je sentis un craquement sinistre juste avant qu’il ne soit projeté à gauche pour aller s’écraser quelques mètres plus loin dans la neige.
A ce moment là, je redevins un homme.
Tremblant, je levai mon poing devant mes yeux.
- Merde, dis je à voix haute. J’ai frappé trop fort. S'il n’avait pas eu ce réflexe de se défendre, il serait… je l’aurais…
- Il vit, c’est l’essentiel.
- Mais… je…
Sans rien dire de plus, je vomis.
*