Hommage

Publié le par Gaga

 Je suis là, à attendre, seul dans cette petite pièce, ni acceuillante, ni rassurante, aux froides couleurs. 

 Lumière légèrement tamisée, jaune et tremblotante, magasines people datant de l'année dernière entassés en vrac sur une petite table basse en bois. Des chaises, militairement alignées le long de quatre murs défraichis, finissait le tableau.

 Rien en ce lieu n'est rassurant.

 Rien ne peut me faire oublier la pesante attente.

 

 Une porte s'ouvre, un homme en sort.

 Les cheveux gras en bataille, les yeux creusés par des cernes violettes contrastant avec son visage d'une extrême pâleur, et une blouse blanche deux fois trop grande pour lui. Il faisait plus penser à un zombie qu'autre chose.

 Il posa sur moi un regard froid, dénué d'émotion. Je me lève, lui sers brièvement la main. Sa poignée est molle, sans envie. Je devine alors qu'il est pressé d'en terminer, certainement pour pouvoir enfin rentrer chez lui et ce servir ce bon cognac qu'il s'occtroie après une dure journée de labeur. L'angoisss monte.

 

 "Comment va-t-elle? finis-je par dire.

 - Mal, monsieur. Très mal. En vérité, c'est peu probable qu'elle passe la nuit.

 

 Il dit ça brutalement, sans peser ses mots. Mon sang se glace, mon regard se trouble. Je suis soudain pris de vertiges et mes oreilles se mettent à siffler pendant que lui continue a baragouiner dans son jargn médical ce qui l'a ammené à faire ce terrible diagnostic.

 Mais je l'écoute sans l'entendre. Seuls ses derniers mots, sa dernière phrase, retentissent dans ma tête, rebondissants sans cesse dans mon esprit pour finir par tourbillonner douloureusement dans mon âme.

 

Elle ne passera pas la nuit.

 

 J'ai mal. Des larmes silencieuses se mettent à couler le long de mes joues, sans que cela semble troubler pour autant mon interlocuteur, qui continue à me parler avec indifférence :

 

 - ... aussi, je pense que la meilleur solutin serait encore de...

 

 Avant qu'il ne la termine, je devine la fin de sa phrase. Je crie que non, il en était hors de question, qu'il ne la toucherait plus, plus jamais.

 Il me regarde, l'air las, pousse un soupir, et reprend :

 

 - Monsieur, je vous assure que c'est tout ce qu'il reste à...

 - Non! hurlai-je à nouveau. Vous ne lui ferez plus rien!

 

 Puis, d'une petite voix trembltante, presque inaudible, je termine par :

 

 - C'est ma fille merde.

 

 Il fronce les sourcils, me regarde comme si il avait à faire à un fou, puis dit :

 

 - Monsieur, dois-je vous rappeler que...

 - Rien du tout! Ca fait des années que je m'occupe d'elle, que je la protège, que je la soigne. Elle est ma fille, et je la ramène à la maison. Maintenant!

 

 Las, il hausse les épaules, lève les yeux au ciel, et me fait signe de le suivre.

 Nous traversâmes un couloir, puis nous entrâmes dans une pièce où je pus enfin te retrouver.

 Tu es allongé, là devant moi. A peine étais-je entré que déjà tu me regardais avec intérêt. Je peux deviner tant de chose dans ce regard.

 D'abord, que tu m'en veux. Tu n'es pas contente que je t'ai abandonné dans cet endroit. Mais malgré cela, je décerne ton immense joie de me revoir enfin. Tu sais que je suis là pour te ramener.

 

 Libre, tu sautes dans mes bras en râlant, comme à ton habitude. Je te murmure des mots rassurants, te cajole, tout en retournant à la voiture.

 Lors du trajet, tu es calme. Calme cmme jamais tu l'as été.

 Et une fois arrivé, je te reprends dans mes bras, avec douceur. Ton corps est flasque, sans force. Je rentre, et te dépose délicatement sur le lit. Puis, je m'allonge à côté de toi, et caresse avec tendresse ta tête orné de cette crinière noire et douce qui t'a valu l'admiration de tant de monde. Tu lèves alors vers moi tes yeux vert pâle. Tu semble si heureuse, si vivante.

 

 Mais la maladie finit par te rattraper. 

 

 Ce fut long. Douloureux pour toi. Parfois, tu te mettais à crier avec force. Mais j'étais impuissant. Je ne faisais que pleurer. Je ne pouvais que te voir te vider devant moi, puis te crisper de façon terrible avant d'essayer de reprendre ton souffle qui se faisait toujours plus faible, toujours plus précieux. Et moi, je continuais à tenter de te rassurer.

 Finalement, ce terrible moment est arrivé. Dernière inspiratin, et c'est suivi du dernier souffle. Je n'ai jamais rien entendu d'aussi assourdissant, d'aussi terrible. Je crie ton nom, mais déjà, ton âme quitte ton corps, montant lentement et inexorablement, filant entre mes doigts. 

 Je pleure, je ne peux plus m'arrêter. Si tu savais comme je m'en veux aujourd'hui, de n'avoir pas été assez présent pour toi, et de n'avoir pas pris la bonne décision. Désormais, tes derniers instants me hante. Tant de souffrance pour satisfaire mon égoisme de profiter de toi jusquau dernier moment.

 Je me console juste en me disant que ton âme ne s'est pas envolée seule. Car une partie de la mienne t'accompagne. Lors de ta mort, mon âme s'est scindée en deux pour qu'une moitié puisse te suivre, la meilleure partie de moi, et pour qu'elle puisse te protéger même dans l'au delà.

 Ce raisonnement est peut être idiot, mais certainement moins que cet hommage que je te rend aujourd'hui en écrivant ces lignes. Je termine par un lien pour que les gens comprennent, pour qu'ils puissent peut être partager ma peine, mais surtout, pour qu'ils se souviennent de toi.

 

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A
<br /> Je fais un test pour savoir si les pubs s'en aillent.<br /> <br /> <br />
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A
<br /> J'ai lu une première fois, sans effet. Je suis moi-même trop affecté avec mes soucis de couple qui ont arraché mes dernières forces. Et je relis par brides ton article, les mots m'affectent et<br /> soulèvent lentement un sentiment de malaise oui. Je m'attendais à un animal oui mais pas à ton chat.<br /> Très bel article Gaëtan et paix à ton félin.<br /> <br /> <br />
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W
<br /> Grisette !<br /> <br /> toi qui longtemps a été présente dans ma vie, toi qui savais si bien te faire comprendre, toi qui m'a donné tant de réconfort quand dans ma vie plus rien n'allait !<br /> <br /> Grisette !<br /> toi qui savait si bien me réconforter, en te blottissant sur mes épaules telle une belle étole de fourrure noire ! ton regard, ta douceur, ta tendresse, ta présence me manquent depuis déjà bien<br /> longtemps, c'était un jour de décembre 2009, lors de ton départ avec ton jeune maître, jamais je ne t'oublierai !<br /> <br /> Aujourd'hui, tu es partie, tu as quitté ce monde, pour ou ! pour quoi ? sache ma toute belle que ma douleur est présente ! comment te dire..............! j'ai l'impression de te toucher, de te<br /> caliner, et ............non, cela reste une utopie !<br /> <br /> au revoir ma belle ! de gros calins se perdent dans l'infini en espérant que ou que tu sois tu les reçoives !<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Je ne sais pas quoi te dire...j'ai hésité, longtemps, très longtemps avant de me demander ce que j'allais bien pouvoir t'écrire : des mots apaisants, une plaisanterie, de sincères regrets ? Tu sais<br /> très bien tout ce que je peux penser en ce moment, j'ai partager cette souffrance, je la partage aujourd'hui avec toi, et je te soutient, même de loin. Je ne pleure pas, mais je ressens toute la<br /> peine que tu peux avoir en ce moment, et c'est un arrachement pour moi de ne pas pouvoir être auprès de toi et de pouvoir ne serais-ce que te regarder, t'apporter mon soutient de n'importe quelle<br /> manière que ce soit. Je ne peux te dire que ces mots : je reste présente pour toi, à jamais...Et si tu as besoin de me parler, je resterais sur Facebook dans les jours à venir, juste pour toi, même<br /> pour dire des banalités, peut importe.<br /> <br /> <br />
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X
<br /> Oui mais bon tu comprends >.
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