5. Interrogations (Sebastien)
Pour le trajet du retour, aucun de nous deux ne dit un seul mot. Le visage grave et concentré, Manu roulait à allure réduite, trop perdu dans ses propres pensées pour véritablement faire attention à la route. Moi-même, je regardai les rues et les passants défiler sans vraiment les voir.
A la radio, la voix d’un animateur fatigué énumérée les dernières tristes nouvelles de ce monde. Des guerres étaient déclarées sur des prétextes bidons, des famines faisaient rages, des maladies se répandait parmi les populations, des hommes se faisaient exploser au milieu des foules de croyants de toutes espèces, un tueur en série que la presse appelait déjà « le boucher » venait de faire son apparition…
Toutes ces horreurs devenues le lot quotidien de notre génération étaient énoncées d’une voix monotone, une routine de plus dans ce monde.
Que dirait-il si le véritable Mal montrait son visage ? Comment le dirait-il ? J’étais prêt à parier que, si nous venions à perdre cette guerre silencieuse, les gens ne verraient pas une grande différence dans l’escalade de la violence.
Car sans Gaëtan, l’issue devenait plus qu’incertaine. Nous n’étions déjà pas préparé à la base, mais avec sa « désertion », additionné à notre moral actuel suite à notre épouvantable erreur, l’espoir d’une victoire ce faisait plus mince.
« Surtout, nous ne connaissons ni les véritables pouvoirs du Loup, ni ses motivations actuelles, fit la voix du Renard dans mon esprit.
- Ses motivations sont certainement la vengeance.
- Mais sur qui ? Tu l’as entendu, les personnes qui ont fait cela à sa copine ont été retrouvé dans un sale état. Et avec elles, des femmes innocentes. Tu doutes encore sur l’identité de leur bourreau ?
- Il a un alibi, il n’est pas sorti de l’hopital. En plus, Gaga n’est pas du genre à faire ça…
- Crois-tu réellement à ce que tu racontes ? dit le Renard d’une voix narquoise. Tu l’as vu, ce regard qu’il avait ?
- Oui…
Ce regard… Un regard qui me faisait froid dans le dos. Une flamme de meurtre y brûlait. J'avais littéralement pu voir l'âme de mon ami se consumer à travers lui.
Ce regard… Je réprimai un frisson. J’y avais vu la folie d’un homme. La haine. Le désespoir. La Mort.
Massant mes tempes a ce souvenir, j’étouffai un sanglot. Comment tout avait pu changer aussi brutalement ? Que devions nous faire à présent?
Et qu'allais-tu faire maintenant, Gaëtan ?