10. Arrivée fortuite (Nicolas)
Alors que j’entrai le dernier, je me retournai, prêt à frapper et à défendre chèrement ma vie. Les autres, sans que nous ne nous soyons consulté, avaient fait de même. Nous savions que les harpies ne pourraient pas nous attaquer autrement que par l’ouverture, ce qui équilibrait les forces et nous donnait une chance de nous en sortir.
La première apparue, fonçant à toute vitesse. Kevin la décapita en plein vol. Puis deux autres suivirent, qui connurent le même sort. Mais bientôt, ce fut une vague de plumes noires qui tentaient de se frayer un chemin avec force à travers l’entrée que nous tenions tant bien que mal.
Manu utilisait toute sa puissance pour déstabiliser leur vol au moment où elles franchissaient le seuil du Temple, faisant souffler un vent violent qui sifflait avec puissance dans nos oreilles. Les volatiles qui pénétraient à l’intérieur se retrouvaient ainsi complètement désorientés, et tandis qu'ils s’affairaient à retrouver un semblant de stabilité dans leurs trajectoires, nous les frappions sans pitié, découpant et tailladant leur chair grâce à nos katanas.
Mais leur nombre ne cessait d’enfler, et nous nous doutions que nous ne pourrions pas maintenir ce rythme bien longtemps. Pour une de tuée, quatre autres pénétraient l’intérieur de l’édifice. Bientôt, les cadavres s'amoncelèrent sans arrêter pour autant la terrifiante ardeur de nos attaquantes. Leur cris aigus semblaient être emplis de haine et de soif de sang, et petit à petit, certaines parvenaient à esquiver nos premiers coups avant de finir par succomber.
Alors que la partie semblait être perdu pour nous, un hurlement s’éleva au dessus de ceux des harpies. Un hurlement d’une inégalable puissance, couvrant même le sifflement du vent que Manu contrôlait. Terrifiant et envoutant à la fois.
Tout devint presque irréel. Le flot de monstres se tarit, leur cris cessèrent. Elles se posèrent simplement au sol, intriguées par ce qu'il se produisait. Toutes tournaient la tête vers un endroit précis, à l’extérieur, et ne nous prêtaient plus aucune attention.
Abasourdi, je cherchai du regard ce qui avait bien pu nous sauver d’une fin certaine, et je le vis.
A l’orée des arbres, immobiles et bien visibles depuis l’entrée, deux silhouettes. Celle d’un homme et d’un canidé. Celle de Gaëtan et du Loup.
Retenant mon souffle, je regardai mes amis qui se tenaient à mes côtés. Ils écarquillaient les yeux devant cette apparition soudaine. Je lus sur leur visage le même étonnement et la même question qui bousculait mon esprit : Que faisait-il là ?
Les harpies, qui étaient restées immobiles devant ce nouvel arrivant, ne restèrent pas bien longtemps sous l’effet de surprise qui les avait saisi. Gaëtan s’avança vers elles, et sitôt qu'il eut fait un pas, elles reprirent leurs envol et fondirent en masse sur lui. En moins de trois secondes, notre ami disparu au milieu d’une tornade noire et compacte de bêtes féroces.